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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/269

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avec plus de sobriété et à meilleur escient ; on décorait la famille en même temps que l’homme, on intéressait à la grandeur de l’État un groupe dont chaque année augmenterait l’importance. Des charges vénales assuraient la noblesse ; on pouvait aussi l’acheter, et c’est cela encore qui rattache le plus étroitement les mœurs d’aujourd’hui à celles d’avant-hier. La noblesse de Barbey d’Aurevilly date exactement de l’année 1765 ; il en est de plus récentes. Sa grand’mère fut une La Blaierie, sa mère une Ango (les Ango s’étaient déjà alliés avec les Barbey), elle-même petite-fille, très probablement, de Louis XV. Voilà donc une ascendance heureusement variée : de solides paysans et des aristocrates du Cotentin, les armateurs dieppois, les Bourbons. En faut-il tant pour faire un Barbey d’Aurevilly ? Peut-être. Les races pures donnent des produits plus unis.

Ernestine Ango n’aimait que son mari, ne voyait que lui. Théophile Barbey, sombre, muet, vit forclos dans sa religion royaliste. L’enfant n’est choyé que par sa grand’mère La Blaierie ; elle a connu le chevalier des Touches et lui en conte les aventures. L’autre influence qu’il subit est celle de son cousin Edelestand du Méril, qui a sept ans de plus que lui.