toire romantique va s’enraciner. À cette époque, on trouve dans sa correspondance avec Trébutien le programme, tel qu’il le remplira, de ses contes et de ses romans sur la Basse-Normandie. C’est d’Aurevilly qui a créé en France le « roman de terroir » ; rien de pareil, ayant une valeur littéraire, n’existe avant le Chevalier Destouches, l’Ensorcelée, le Prêtre marié. La province que peint Balzac n’est pas une province particulière, et plus, un coin limité de pays connu, senti, aimé depuis l’enfance ; Balzac veut conter la Province comme il conte Paris et il place ces deux termes en un état d’opposition qui est devenu traditionnel et banal. Barbey d’Aurevilly ne regarde qu’un canton, mais il y embrasse tout, terre, mer et ciel, villages et cités, noblesse, bourgeoisie, paysans, pêcheurs. Sans doute, il ne se contente pas de ses souvenirs, il se documente, une lettre à Trébutien en fait foi, mais ce qu’on lui apportera de nouveau, il est en mesure de le juger, de le contrôler. Il dit les mots nets là ou Balzac s’embrouille dans une périphrase ; il est du cru ; il n’a pas appris à quarante ans le langage de ses « poissonniers », il le sait d’enfance.
Ces romans, d’abord ébauchés, n’acquièrent que lentement leur forme définitive. Barbey, qui tra-