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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/292

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pluies furieuses et des vents fous. La nature ressemblait à une Hamadryade qui crie. Je suis resté au coin du feu, dans ma chambre d’auberge, allant de temps en temps lever le coin du rideau pour voir les pavés flagellés par ces pluies qui ressemblent à des poignées de verges ! En face, un charmant hôtel, un élégant et blanc sépulcre, comme en a ici cette pauvre aristocratie mouvante, dort sous ses volets fermés… »

Les phrases de Barbey d’Aurevilly ont cette beauté d’être vivantes, et c’est aussi la beauté de ses romans et de ses contes normands, où l’observation et l’imagination ne sont jamais que les servantes de la sensibilité. Il n’y a plus d’hésitation : c’est bien un romancier-poète et l’un des plus curieux de notre littérature.

Les Diaboliques furent poursuivies sur la dénonciation du Charivari[1]. Le trait est à retenir pour qui voudra peindre la justice moderne. Elle n’est plus arbitraire ; c’est convenu ; elle est pire, elle est bête. Le ministre était un certain M. Tailhand ; Arsène Houssaye et Raoul Duval d’un côté, Théophile Silvestre et Gambetta de l’autre, s’interposè-

  1. Grelé, p. 350.