dont la barque est soulevée et lancée en avant. C’était en 1882. À l’âge de soixante-quatorze ans, après plus de cinquante de liltératture, Barbey d’Aurevilly arrivait à la gloire. Le spectacle est beau, car dans la longue vie qui allait finir lumineuse, on pouvait relever des erreurs ou des colères, mais pas une bassesse, pas une lâcheté ; et c’est tout entier que l’opinion l’acceptait enfin, sans que ni l’écrivain ni l’homme lui eût sacrifié ni une idée ni un sentiment. En même temps que le public, les intelligences les plus diverses viennent à lui : il est admiré à la fois par Goncourt et par Fustel de Coulanges, par Caro et par Banville, par Huysmans et par Ernest Havet. M. Bourget était son miroir familier.
Il passa les six dernières années de sa vie à réviser son œuvre critique et mourut le 20 avril 1889, pendant que l’on imprimait pour la première fois son poème Amaïdée, écrit, en 1834, « sous le regard de Maurice Guérin ». Il mourut apaisé, mais encore farouche, rêvant à de profondes solitudes, ayant dit : « Je ne veux personne à mes funérailles. »