Aller au contenu

Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Laclos, comme Rousseau, plaçait sa « femme naturelle » dans la catégorie des hypothèses ; il disait ce que la femme avait été, très probablement, dans les temps bénis où la civilisation n’existait pas, mais c’était sans espoir, ou bien incertain, de voir refleurir les joies de l’âge d’or.

Quoi qu’il en soit, dans l’état de nature, l’enfant, élevé librement, comme un petit animal, pousse vite et vigoureusement. Dès l’âge de trois ou quatre ans, il est en mesure de suffire à ses besoins, cherchant lui-même les graines, les fruits, les poissons, les bêtes nécessaires à sa nourriture, tout comme un petit singe ou un ourson. Quand il a bien mangé, il songe à boire. Il se dirige instinctivement vers la source ou vers le fleuve. Il boit, il se baigne, il nage, « il a appris de sa mère cet art qui n’est ignoré que des peuples instruits. Ensuite, il dort. Mais ce produit de la nature est une fille. Elle atteint l’âge nubile. C’est le moment de la considérer, car il est à craindre que sa beauté ne soit assez fugitive. La voici donc, c’est le cas de le dire, au naturel :

« Elle n’a ni la peau blanche et délicate dont le toucher nous flatte si voluptueusement, ni la douce flexibilité, apparente faiblesse, qui semble provoquer l’attaque, par l’espoir du succès, et préparer