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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/315

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Ce n’est qu’en 1729 que Dupré de Saint-Maur donna une tracluction du Paradis perdu, bientôt suivie par celle de Louis Racine.

La France et l’Europe devaient ignorer Shakespeare jusqu’en l’an 1776 ; mais l’Angleterre donnait l’exemple. La plus ancienne mention du nom de Shakespeare dans un livre français se trouve dans les Œuvres meslées de M. le Chevalier Temple, imprimées à Utrecht, chez Antoine Schouten, en 1693. Mais ce livre français est la traduction d’un ouvrage anglais. Dans le troisième des essais qui composent ce volume, Essais sur la poésie, l’auteur établit une brève comparaison entre Molière et Shakespeare, trouve en ces deux poètes la même qualité d’humeur (humour), encore que, chez Molière, elle ait été « un peu trop tournée au comique ou à la farce, pour être tout à fait la même chose que celle de notre nation. Shakespeare a été le premier qui a introduit sur notre théâtre cette sorte de poésie, à laquelle on a toujours pris depuis tant de plaisir… ». Il y a bien un ancien témoignage français sur Shakespeare, mais c’est un témoignage manuscrit. Vers 1680, Nicolas Clément, garde de la bibliothèque du Roi, rédigea un catalogue, qui existe encore, et où on peut lire ceci :