Aller au contenu

Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

10.

Edgar Poe nous en impose moins par les apparences logiques de ses déductions que par le ton souverain d’un verbe affirmatif et absolu ; il a une manière de s’emparer du lecteur avec les gestes d’une domination méprisante, contre laquelle on ne trouve aucune défense. Ainsi le début, les six premières pages, sobres, fortes, nettes, exactes, puissantes, comminatoires du Manuscrit trouvé dans une bouteille : nous ayant pris, il nous mène en esclave au néant ironique de sa conclusion, et nous allons volontiers nous perdre dans les abîmes mythiques du Fleuve Océan.

11.

Un jour, en lisant le Prométhée enchaîné, j’ai eu la sensation d’un conte de Poe, de la Chute de la maison Usher. Nul poète, depuis les Grecs, n’a eu comme Poe le sentiment de la fatalité, de la nécessité tragique.

12.

Une invention comme le Puits et le Pendule a quelque chose d’insensé à la fois et de compliqué