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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/377

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29.

Eureka est une sorte de poème philosophique en prose où sont exposées des idées panthéistes, obscures, étranges, toutes personnelles : « Ce que nous appelons univers n’est que l’expansion naturelle de l’être. » Un jour, après mille évolutions, notre conscience individuelle ira s’obscurcissant ; notre conscience divine augmentera ; nous sentirons vraiment notre identité avec l’Être, et de toutes les consciences fondues en une se refera l’Un absolu, troublé depuis le commencement des siècles par l’existence des individus. » La philosophie des contes est toute psychologique : il est pessimiste, il admet le mal originaire, la perversité naturelle de l’homme : « La certitude du péché ou de l’erreur incluse dans un acte est souvent l’unique force, invincible, qui nous pousse à son accomplissement. » De telles pensées séduisirent Baudelaire qui s’y retrouvait lui-même avec une sorte de stupeur. Le pessimisme de Poe est le plus amer et le plus hautain : « Si j’étais éveillé, j’aimerais mourir. Mais maintenant il n’y a plus lieu de le désirer. L’état magnétique est assez près de la mort pour me contenter. » (Révélation magnétique.)