Aller au contenu

Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vers qui mériterait de devenir un mot de conversation, des plus joliment impertinents :

Eh bien, lisez les vers imprimés sur le sac !

Et rien, peut-être, dans tout notre théatre lyrique, n’est plus charmant que la scène du balcon et surtout ce passage où Cyrano dit à Roxane :

J’ai senti, que tu le veuilles ou non,
… le tremblement adoré de ta main
Descendre tout le long des branches de jasmin.

Il faut autre chose que du talent pour trouver de ces choses spirituelles ou délicates ; il faut du bonheur. Ce bonheur que M. Rostand a dans sa vie, il l’a aussi dans son œuvre, et c’est peut-être là le secret de son succès. Sa poésie est heureuse et épanouie comme lui-même ; le public a souri à sa poésie, parce que sa poésie a souri au public.

Aucun poème dramatique, dans aucun temps ni dans aucun pays, n’a eu un succès comparable à celui de Cyrano de Bergerac, et aussi universel ; aucun roman même, et même des écrivains les plus populaires, n’a atteint un pareil chiffre d’éditions ; j’ai sous les yeux le « deux cent soixante et unième