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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/98

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Tout le reste est grimace.

Ce premier aphorisme de Nietzsche semblerait indiquer chez lui, malgré tout, une certaine connaissance, au moins théorique, de la femme ; c’est une illusion, La femme, même dans l’extrême civilisation, est toujours beaucoup plus naturelle que l’homme, beaucoup plus près de la vie, plus physique, en un mot. On ne peut parler d’elle sérieusement que si on est ému pour elle d’une sympathie physique. Ceux qui sont incapables de cela devraient s’abstenir. Parler de la femme comme d’une abstraction est absurde. L’homme, non plus, n’est pas une abstraction ; mais il peut vivre dans l’abstraction, et cela est impossible à la femme. Nietzsche le reconnaît dans les aphorismes 416 et 419 : « Les femmes peuvent-elles d’une façon générale être justes, étant si accoutumées à aimer, à prendre d’abord des sentiments pour ou contre ? C’est d’abord pour cela qu’elles sont rarement éprises des choses, plus souvent des personnes… » Il croit cependant que c’est une infériorité. Sans doute, s’il s’agit de raisonnements métaphysiques, de philosophie ; mais non, s’il est question de la vie pratique. Car les idées n’existent qu’autant qu’il y a des hommes pour les penser et les vivifier ; il faut