Aller au contenu

Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér2, 1913.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’est sorti l’impertinent qui devait appeler la rime, « ce bijou d’un sou » !

Le Parnasse était une réaction naturelle et utile contre le romantisme sentimental, et son véritable initiateur avait été un romantique à demi-corrigé, Théophile Gautier lui-même. Il avait encouragé Théodore de Banville qui, dès 1842, avait donné ses Cariatides : lui-même réunit bientôt en un petit volume ses Émaux et Camées (1852) ; enfin parurent, en 1853, les Poèmes antiques de Leconte de Lisle. Le romantisme sentimental était mort ; le Parnasse allait naître, qui est un romantisme froid. impersonnel et hautain, surtout quand ses poètes sont Leconte de Lisle et M. de Heredia, son disciple. Ce mouvement nous délivra très heureusement des lacs poétiques aux flots harmonieux, des jeunes filles pâles au regard fatal, des jeunes hommes larmoyants, des faux désespérés dans le genre de celui qui exhale, dans la Nuit d’Octobre, des plaintes si naïves. On représente quelquefois, à la Comédie-Française, ce dialogue chimérique où plane l’ombre surannée de George Sand : c’est une poésie de décadence, et plus, de décrépitude, qu’on ne peut plus entendre sans malaise. Rien n’est plus choquant que ces pleurs et ces confidences publi-