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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér2, 1913.djvu/78

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L’Histoire des Perses et l’Essai sur l’inégalite des races humaines donnent de Gobineau une autre idée que Céphalonie ; mais il serait dommage qu’il n’eût pas écrit ces récits aimables où il y a de délicieuses pages et de très fines observations.

Les Pléiades sont d’un talent plus élevé, mais peut-être plus inégal. Riches d’idées, elles sont également riches de bizarreries. Nietzsche a pu trouver dans ce roman compliqué le germe de sa théorie de l’éternel retour, comme dans la Renaissance le principe de sa Généalogie de la morale et même de sa Volonté de puissance. « La grande loi du monde, dit Gobineau, ce n’est pas de faire ceci ou cela, d’éviter ce point ou de courir à tel autre ; c’est de vivre, de grandir et de développer ce qu’on a en soi de plus énergique et de plus grand. » On interpolerait ce passage dans tel livre de Nietzsche que le critique le plus en éveil n’oserait en soutenir l’inauthenticité.

Mais c’est dans l’Essai sur l’inégalité des races humaines qu’il faut chercher les idées maîtresses de Gobineau. Nietzsche, qui l’admirait beaucoup, se fit lire ou relire ce livre par sa sœur, pendant un des hivers qu’ils passèrent ensemble à Bâle de 1875 à 1878. Cependant, l’éloge outré des races germa-