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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/100

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que Chamfort, mais beaucoup moins profond, est connu pour son Discours sur l’Universalité de la langue française, couronné par l’Académie de Berlin, pour son Dictionnaire de la langue française[1], dont le Discours préliminaire, avec des prétentions philosophiques un peu fastueuses, n’est pas un mauvais morceau[2], et par sa collaboration aux journaux réactionnaires du temps. Journal politique et national[3], Actes des Apôtres[4], etc. Ses mots couraient les salons[5]… Il savait faire le vers aimable et léger du xviiie siècle…[6]. » M. Faguet se vante ; j’ai bien dit. Ainsi ceux qui ont lu Rivarol le taisent, et ceux qui en parlent prouvent qu’ils ne l’ont pas lu[7].

  1. De qui peut-on être connu pour un ouvrage que l’on n’a pas fait ?
  2. Un morceau de 380 pages in-4°.
  3. Il n’y a pas cinquante lignes dans les 56 numéros du Journal politique national qui ne soient de Rivarol.
  4. Dans les 320 numéros, il n’y a pas 30 pages de Rivarol.
  5. Il n’en fréquentait presque aucun, et M. de Lescure, salonnie par excellence, en convient avec tristesse.
  6. C’est bien son moindre talent.
  7. Outre les études de Saint-Beuve, d’Arsène Houssaye, etc., les livres systématiques sur Rivarol sont assez nombreux ; Léonce Curnier, Rivarol, sa vie et ses œuvres (1853) ; Alègre, Rivarol, dans les Notices biographiques du Gard (1880) ; M. de Lescure, Rivarol et la société française pendant la Révolution et l’Émigration (1883) ; enfin : André le Breton, Rivarol, sa vie, ses idées, son talent, d’après des documents nouveaux (1895), de beaucoup le meilleur, et on peut dire le seul, car il efface tous les autres, les rendant inutiles, aux citations près des lettres inédites (Alègre, Lescure).