Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/12

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sur la poésie latine de la décadence est condensée du vaste travail d’Ebert, qui ne cite presque jamais aucun texte. C’est sur les analyses de ce lourd et docte professeur que des Esseintes piqua ses ingénieuses épithètes. D’un mot pittoresque, Huysmans résume souvent toute une page, tout un chapitre du consciencieux Allemand, et en somme, si la vérité classique est dans L’Histoire générale de la littérature en Occident, la vérité impressionniste est dans À Rebours. Huysmans fut fort étonné de mon travail sur les poètes latins du moyen âge, dont l’idée venait pourtant de chez des Esseintes. Cela lui donna le goût de cette langue faisandée qu’il ne connaissait guère que de seconde main : la singulière préface du Latin mystique montre que ses connaissances philologiques étaient des plus restreintes. Il s’en passa très bien. Cet À Rebours, que j’admirais alors peut-être à l’excès, est resté pour moi un des livres les plus curieux de notre temps et qui vient dans son genre à la suite de Bouvard et Pécuchet. Là-Bas est déjà d’un moindre intérêt ; En route ne contient plus que de belles pages et, à partir de la Cathédrale, la source est bien troublée. Que nous étions loin, au moment dont je parle, de prévoir une semblable fin ! Je dois l’avouer, dût ma perspicacité en paraître bien diminuée, je n’eus, jusqu’au dernier moment, aucune