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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/164

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vantail. Il répéta la même chose, dès son arrivée à Bruxelles, dans sa Lettre à la noblesse française : « N’oubliez jamais qu’en effet vous n’êtes point en rapport avec l’énorme population de la France ; que si, avant la Révolution, vous viviez en sûreté au milieu de ce peuple immense, c’est qu’on ne l’avait pas accoutumé à vous regarder comme son ennemi… » En somme, il conseillait au roi de gouverner avec l’opinion et à la noblesse d’accepter les faits. Mais le parti auquel il prodiguait ses trop sages avis n’était pas de force à les comprendre. Rivarol a conclu lui-même : « Ils sont toujours, disait-il, en retard d’une année, d’une armée et d’une idée. »

Il travaillait, dès ce moment, à sa Théorie du corps politique, ou, du moins, il commençait à la ruminer. Aucune page ne semble en avoir jamais été rédigée, mais il en avait dressé le plan, marqué les chapitres. Ce manuscrit fut dérobé à sa mort par l’abbé Sabatier, en même temps qu’un écrit, entièrement achevé, De la Souveraineté du peuple. Avec ces deux œuvres, l’abbé Sabatier en composa une troisième[1]. Outre que les idées de Rivarol sont trop personnelles pour pouvoir être volées, l’abbé eut la maladresse de mêler à ses larcins inédits, des larcins imprimés : comme les Chi-

  1. De la Souveraineté. Altona, 1806.