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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/177

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aujourd’hui impossibles, sinon à l’esprit supérieur. Il s’agit peut-être seulement d’un tour de main, comme dans certaines industries : c’était le temps des miniatures, des Cazin, des rubans brochés et des épigrammes. Voici donc :

« Les femmes ont bien plus de souplesse que de faiblesse dans le caractère, et, à la constance près, on peut tout attendre d’elles. Elles changent de situation et de rang avec une aisance qui n’appartient qu’à leur sexe : elles n’ont pas toujours l’esprit de leur état, mais elles en ont le maintien.

« Dès qu’une femme plaît, elle est partout à sa place. »

On reconnaît là des idées qui avaient cours du temps de Champcenetz. Schopenhauer les a recueillies et en a tiré son fameux aphorisme : « Il n’y a pas de rang parmi les femmes. » Mais les mœurs du dix-neuvième siècle n’ont pas donné tout à fait raison aux principes du dix-huitième. Du moins, il s’est trouvé qu’en des mœurs fondées sur l’égalité les inégalités naturelles et sociales se sont de plus en plus accentuées. Il y a eu une invasion secrète de Barbares et qui sont restés des barbares : ils ont des femmes et elles ont beau plaire, elles ne sont nulle part à leur place, sinon à leur place d’origine. Mais continuons à feuilleter cet immoraliste du Palais-Royal :