Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/19

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poésie trop romantique et très malsaine. Huysmans en jugea de même, peut-être, puisqu’il accorda ses prédilections au plain-chant joyeux des Bénédictines de la rue Monsieur. C’est Mme de C…, comme on l’a déjà révélé à demi, qui le mit entre les mains de M. l’abbé Mugnier. Avant d’en arriver là, Huysmans, pendant qu’il écrivait Là-bas, n’avait pas été sans faire quelques tentatives pour l’incliner au satanisme. Il manquait d’une Chantelouve et il aurait bien voulu, n’ayant guère d’imagination, travailler sur le réel. La collaboration de Mme de C… à Là-bas fut faite surtout de démarches près de certains occultistes et, document important, de confidences touchant un très curieux mauvais prêtre qu’elle avait connu. Le chanoine Docre de Là-bas est le Chanoine ***, de Bruges, mais la messe noire est purement imaginaire. C’est moi qui cherchai des détails sur cette cérémonie fantastique. Je n’en trouvai pas, car il n’y en a pas. Finalement, Huysmans arrangea en messe noire la célèbre scène de conjuration contre La Vallière pour laquelle Montespan avait prêté son corps aux obscènes simagrées d’un sorcier infâme. L’abbé Boulant, l’abbé Roca ont encore fourni des traits à divers personnages modernes de Là-bas, mais l’ensemble est romanesque. On doit l’affirmer, puisque des âmes simples s’y sont laissé prendre et ont