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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/193

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comédie à la fois célèbre et inconnue, l’Orange de Malte, qui aurait été, à l’heure même de sa mort, sa suprême préoccupation.

Devenu secrétaire de Danton, puis député à la Convention, Fabre d’Églantine n’abandonna jamais le théâtre, qui avait fait sa gloire. On jouait encore deux comédies de lui en 1792, et quelques années après sa mort, on en donnait encore une autre et avec le plus grand succès, mais ce n’était pas celle qu’il avait particulièrement recommandée à ses derniers moments. Je ne désire pas faire entrer dans cet article les mystères de la politique révolutionnaire, ni examiner si les accusations contre Fabre d’Églantine étaient ou non justifiées. En historien aussi partial qu’incompétent (c’est le parti le plus commode), je préfère même supposer qu’il était l’innocence même. Cela n’a d’ailleurs aucune importance pour résoudre la question de l’Orange de Malte.

On l’accusait, je crois, d’avoir falsifié un décret de la Convention, falsification qui lui aurait rapporté cent mille francs. Il s’en est défendu vigoureusement dans une Apologie que sa veuve publia en l’an XI, en tête de ses Œuvres posthumes. Il s’y défend de posséder une somme aussi considérable : « On dit que je suis riche ; je donne tout ce que je possède dans l’univers, hors mes ouvrages, pour