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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/232

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femmes. On ne lui a jamais attribué ni une aventure sentimentale ni une aventure galante. Les deux graves blessures qu’il avait reçues au siège de Mouzon et au siège d’Arras lui imposaient une existence calme et réglée. Dernière observation : cet homme, que M. Rostand donne comme un poète improvisateur, n’a presque jamais fait de vers lyriques. On ne connaît guère de lui, outre sa grave tragédie d’Agrippine, qu’un médiocre sonnet de circonstance adressé à Mlle d’Arpajon. Son talent est celui du plus alerte prosateur, se montrant doué tantôt de la verve comique ou pittoresque, tantôt de cette vivacité d’esprit qui a permis à plusieurs écrivains français, de Montaigne et de Rabelais à Renan, à Taine, à M. Anatole France, de rendre amusantes les questions les plus sévères de la science et de la philosophie.

Il y a loin, vraiment, du Cyrano de la légende au vrai Cyrano, au créateur en France de la comédie en prose, au disciple de Gassendi et de Descartes, à l’inventeur du voyage imaginaire et philosophique, au savant physicien ! Car Cyrano termina sa courte vie de trente-cinq ans dans l’étude de la physique. A partir de 1671, toute la jeunesse française, durant trois quarts de siècle, prit les éléments de la science dans la Physique de Rohault. Or, cette physique est rédigée, au moins pour les