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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/272

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Astolphe, roi des Lombards, d’avoir tué sa femme, attendu qu’il ne l’a pas surprise sur le fait, qu’il ne l’a pas vue « commettant avec un autre homme l’acte scélérat ». L’Église essaya cependant de mettre quelque justice dans la répression de l’adultère, en considérant comme des fautes égales celle de l’homme et celle de la femme. Il y aurait beaucoup à dire sur ce point, l’adultère étant, il me semble, fort différent dans chacun des deux sexes, à la fois par ses mobiles et par ses conséquences. Il est cependant logique de ne pas réserver toutes les sévérités pour un seul des deux conjoints. Si le dommage est moindre dans un des deux cas, il n’en existe pas moins, et si l’on punit ici, il faut punir là, également. Forte de ce principe, l’Église du moyen âge, toute puissante en ces matières, jetait au couvent, en théorie, aussi bien l’homme que la femme, après les avoir préalablement excommuniés. Mais il ne faut pas se fier au droit canon plus qu’au droit civil : en fait, l’homme, sous quelque prétexte, était toujours exempté de la réclusion monastique. De plus, le mari, qui avait le pouvoir de faire enfermer sa femme coupable, avait également celui de la faire sortir à son gré et de la reprendre. Aucun droit de ce genre, est-il besoin de le dire, ne fut jamais concédé à la femme, ni au moyen âge, ni en aucun temps, ni en aucun pays, chrétien ou païen.