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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/372

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les xylographies, où la lettre ne figure que par surcroît[1].

L’illustration des livres redeviendra peut-être tolérable dans quelques années, quand les dessins d’un artiste, même très compliqués et nuancés, pourront se reproduire directement, comme on fait aujourd’hui pour les dessins au trait. Cela ne remplacera pas absolument la gravure sur bois, qui est par excellence l’art compagnon de la typographie, mais cela nous épargnera du moins les horreurs de la simili-gravure, procédé rapide et barbare dont il n’est permis de se servir qu’en des publications dénuées de tout souci artistique. Mais pour obtenir de bonnes images, gravure sur bois ou procédé direct, il faut de bons originaux ; il faut des artistes qui sachent dessiner, et cela devient rare. Ni Holbein, ni Durer, ni Burgmair n’ont gravé eux-mêmes la plupart de leurs estampes ; ils livraient aux « tailleurs de bois « des planches où le dessin, fait à la plume, était entièrement fini et le graveur n’avait qu’à enlever avec dextérité toute la superficie du bois qui était restée blanche. En réalité, au point de vue non technique, mais artistique, les belles gravures sur bois du xvie siècle

  1. La préface du récent album de M. Rouveyre, Le Gynécée (1909), est entièrement gravée sur bois. Cette remarquable xylographie est due à M. Vibert, artiste digne des anciens maîtres.