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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/399

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LA RÉPUBLIQUE AVENTURINE


Quelques milliers de lieues à travers le Brésil et, las, fiévreux, empoisonné par les morsures du carapate et du mosquite, j’allai m’échouer à Concepcion du Paraguay. En cette ville nonchalante et silencieuse, parmi les indolentes métisses vêtues de blanc, molles et douces, je repris un peu de santé, comme si les yeux bruns de ces brunes canéphores et leurs cruches de terre empaillées de roseaux m’avaient versé des élixirs et l’eau du Gange au lieu de l’eau du Parana. Me trouvant de force et ne voulant revenir ni par le Brésil, ni par Buenos-Aires, que je connaissais, je me décidai à traverser le continent vers le Chili.

Pour faire en chemin de fer à peu près la moitié du trajet, il fallait descendre le fleuve jusqu’à Rosario. Là j’eus le choix entre la voie de Tucuman et la ligne qui s’arrêtait alors à San Luis. Je pris, un peu au hasard, cette dernière route et, à