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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér4, 1927.djvu/233

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qu’il entre à l’école militaire de Fontainebleau, « à cause du danger et de la licence des armées ». Elle veille avec un soin comique sur la vertu de celui qui va bientôt être l’amant de Graziella. Au cours d’un voyage, elle arrange les choses pour qu’il couche chez des amis sûrs « Ainsi, point d’auberge, ce qui pourrait être le plus dangereux. » On l’élève comme un séminariste. Elle constate un jour, il a dix-huit ans ! qu’il a beaucoup perdu de sa piété. La piété et la virginité de son fils, telles sont à cette époque les graves préoccupations de sa mère. Cependant, la crise fatale approche et toutes les précautions vont se trouver déjouées. Il y avait alors à Mâcon une jeune fille fort jolie et exactement de son âge, Henriette Pommier. « Sa beauté pensive, sa taille mince, sa démarche svelte, la grâce de ses bras, l’inimitable délicatesse de ses pieds, la langueur morbide de son cou, son sourire à la fois charmant et mélancolique », c’est Lamartine qui la voit ainsi dans son souvenir, firent qu’ayant dansé avec elle il en devint amoureux et la voulut épouser. Mais comme il ne le fit pas sur l’heure, ainsi que dans les comédies, cela donna le temps à sa famille d’intervenir.

Cette aristocratique famille se souciait peu d’une alliance avec les Pommier, cependant que le jeune Lamartine, qui était payé de retour, allait criant son amour, parlait de sa femme, « parce que, dit--