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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér4, 1927.djvu/313

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MACBETH


Les plus belles œuvres dramatiques gagnent tant à être représentées qu’on a peut-être tort de les lire, semble dire M. Maeterlinck. Pourtant, il n’est pas une pièce de Shakespeare qui ne m’ait déçu au théâtre, tandis que j’y ai vu grandir immensément Racine et Molière. C’est au point que je me repentirai toute ma vie d’être allé voir Jules César à l’Odéon. Je ne fus pas le seul, d’ailleurs, à en revenir navré ; d’autres en revinrent contents, mais pour le même motif qui me désolait. J’y perdais une illusion ils y trouvaient la confirmation de leurs goûts et de leurs théories, une raison décisive pour situer Shakespeare à l’arrière-plan dramatique, parmi ces génies décidément mal faits pour contenter notre race. Ordre, mesure, méthode : que de commentaires ai-je entendus sur ces mots dont j’avais voulu me déprendre et où je ne rentrais qu’avec peine !

À quoi tient cette déception ? À la traduction, à la mise en scène, à l’œuvre elle-même ? Aucun de ces points ne sont secondaires, puisqu’il s’agit de