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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér4, 1927.djvu/338

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tivement Cela est arrivé, il n’y a pas bien des années, à un brave historien qui crut avoir trouvé la vraie personnalité du Masque de fer. Il était si convaincu, il apportait d’ailleurs tant de preuves vraisemblables qu’il imposa pendant plusieurs années sa manière de voir. Mais M. Andrew Lang, qui protège les mystères, a bien voulu recommander, avant-hier matin, une autre solution, et tout est à recommencer. Ce n’est point fini, car j’ai, en ce qui me concerne, l’intention de démontrer un de ces jours que le Masque de fer est d’une réalité historique aussi consistante à peu près que Barbe-Bleue ou Peau d’Ane. Je prévois aussi le contradicteur qui prouvera aisément que je n’entends rien au maniement des archives et qui, mettant à sac une armoire vierge encore, en extraira un Masque de fer tout neuf et soigneusement matriculé. Mais aujourd’hui, il s’agit de la question d’Homère.

La question d’Homère ! Elle est vieille d’un peu plus de deux mille cinq cents ans. Pisistrate et Hipparque, tout en faisant leur métier de tyrans, s’y passionnaient. Toute la critique grecque vécut de la question d’Homère ; les Romains la reprirent ; la Renaissance la retira de l’enfer où le christianisme avait plongé la civilisation ; le dix-septième siècle s’en enivra ; enfin, le dernier siècle éleva tout autour le rempart formidable de son érudition. On a tant écrit sur la question d’Homère, depuis