ses qui m’ont semblé compléter le tableau de la nature, telle qu’il la fit voir à ses contemporains entre Versailles et Montmorency.
Delille est un disciple direct de Virgile, dont il avait traduit les Géorgiques, avec un bonheur qui enchantait Voltaire. Il connaît aussi les poètes anglais qui ont chanté la nature sur un ton modéré, avec un enthousiasme classique, tels que Denham, Goldsmith, Pope et Thomson. Il a lu, souvent la plume à la main, nos anciens poèmes descriptifs et même la Semaine de Du Bartas et même le Prœdium. rusticum du P. Vanier. Il emprunte beaucoup à Buffon, surtout pour la description des animaux, dans l’Homme des champs, et ne néglige aucun de ses contemporains, encore que, fidèle à la poétique de son temps, il ne se risque à imiter directement que les prosateurs et les poètes latins ou étrangers. Mais il semble que toutes ces imitations, il les ait avouées assez loyalement en des notes où il les signale, tout en étalant une érudition dont il semble fier et qui est en effet un de ses mérites. Il ne faut pas oublier qu’il est professeur et qu’il le demeurera toute sa vie. Il est donc plus excusable qu’un autre de prendre trop souvent le ton doctoral ; encore le corrige-t-il par une certaine bonhomie. Delille, qui a fait aussi un poème sur l’Imagination, n’en a aucune. Il n’invente rien. Il décrit. Il fait des traités en vers. Seulement, comme il con-