tion d’Ovide par Louis des Masures ou celle d’Anacréon par Remy Belleau. On a découvert, ces dernières années, deux ouvrages de l’antiquité grecque, très divers, mais également considérables pour les mœurs ou pour la politique ; ils furent traduits aussitôt, la République athénienne, d’Aristote, par M. Théodore Reinach, les Mimes, d’Hérondas, par Pierre Quillard, et passèrent à peu près inaperçus, sinon des spécialistes. C’est que, malgré tout, ces œuvres ne nous révélaient presque rien : aucune œuvre de l’antiquité grecque ou latine ne peut plus être pour nous une révélation ; celles que nous ignorons encore nous les devinons, nous les pressentons. On l’a bien vu encore, lors de la publication, toute récente, de fragments de Ménandre. Placez ces trois épisodes au seizième siècle : les cervelles en sont bouleversées. Remarquons ici que la qualité littéraire de l’œuvre nouvelle n’a pas grande importance ; il suffit qu’elle apporte des idées, même en leur temps banales, en complète opposition avec les idées du milieu où elles entrent pour la première fois. Ceci s’applique admirablement aux Héroïdes d’Ovide que vulgarisait Charles Fontaine. On peut noter ici le rôle capital que jouent en littérature l’ignorance des écrivains, leur aptitude à être frappés par la nouveauté de toute œuvre qu’ils ne connaissent pas. La bêtise, condition de vie, dit Nietzsche ; on peut ajouter : l’ignorance, condi-
Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér5, 1923.djvu/172
Apparence