Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/124

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regarde. Les beaux grands yeux ! Ah ! je l’aime, vraiment ! »

— Accueillez-moi ! continua-t-il, en retombant à genoux. Je vous aime, je ne sais rien dire de plus.

Impatients, les doigts constellés mordaient un peu les genoux vêtus de rouge. Hubert embrassa les genoux et baisa les doigts. Ce fut comme il arrive des petits serpents en vieil argent qu’on trouve sous les fougères sèches, au soleil ; dès qu’on les touche, ils se raidissent, deviennent, cassants comme verre. Sixtine, à ce brusque contact, se dressa sur son séant, rigide ainsi qu’une châtelaine de pierre dans sa chaise armoriée et Hubert sentit que la moindre insistance allait briser cette âme. Il était trop tard. Sixtine l’avait bien prévu, l’occasion effarouchée venait de fuir. La même femme qui l’instant d’avant, ce que Hubert ne soupçonnait pas, se serait donnée au premier baiser pour le présent et pour l’éternité, cette même femme ressentait une nouvelle tentative d’intimité comme une tentative de viol.

Il obéit, se releva, mais cette fois, car le désir physique le serrait en ses pinces de fer, avec plus de colère que de confusion. Tenaillé aux narines par l’appareil de domptage, le taureau regimbe parfois sous la douleur, renverse son bourreau et se dresse vers de vains accomplissements.

Avant de partir, contenant d’un violent effort de volonté ses forces brutales déchaînées, Hubert essaya par de l’amabilité enjouée de rassurer Sixtine. Sans revenir semer de sottes explications sur le long du chemin parcouru et qu’un mur avait borné, soudain