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Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/201

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colombes n’ont pas de si larges ailes.— Ce sont les ailes de mon manteau.

— Ah ! Vierge ! fi ! les colombes n’ont pas les cheveux frisés.— C’est la rosée qui a ébrélé ses plumes.

— Ah ? Vierge ! fi ! les colombes n’ont pas de plumes blondes.— Mais si, mais si ! Et puis elles ne sont pas blondes, figliuolo, elles sont gorge-de-pigeon.

Della Preda était confondu par tant d’aplomb. Comment une Vierge en qui il avait mis toute sa confiance, sub tuum præsidium !

Le colloque reprit ainsi qu’il suit :

— Ah ! Vierge ! fi ! songe à ta famille, songe à ton chaste époux ! songe à ton fils ! songe à Dieu le père ! Veux-tu déshonorer le créateur du ciel et de la terre ? Qu’allons-nous devenir, si tu émeus sa colère. C’est toujours sur nous que cela retombe, pauvres hommes et nous aurons encore la peste.— Ecce ancilla Domini ! mon ami. Je suis aux ordres du Très-Haut, et s’il lui plaît de m’envoyer un ange ?

Della Preda ne sut que répondre ; car il avait trop de religion pour discuter les décrets éternels. Il fit seulement remarquer à la madone que si le Très-Haut lui avait envoyé un ange, ce n’était pas apparemment pour faire l’amour avec.

— Ah ! mon Dieu ! cria la Novella.

D’ailleurs, reprit Della Preda, je suis en paix, les anges n’ont pas de sexe. C’est un jeu. Eh ! la question est controversée…

— Ah ! mon Dieu ! Ah ! mon Dieu ! cria la Novella.

Ainsi, saint Ambroise qui a beaucoup parlé des