Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


XXVI—L’ADORANT


IV.— LA FORÊT BLONDE


Nous promenions notre visage

(Nous fûmes deux, je le maintiens) Sur maints charmes de paysage, Ô sœur, y comparant les tiens.

Stéphane MALLARME. Prose (pour des Esseintes).


La forêt blonde est pleine d’amour : après la déchéance du soleil et la nuit, les joyaux du sourire.

Ensemble, nos âmes ont tressailli au retour de la clarté primordiale ; les midis ne nous ont pas aveuglés, car nous avons dormi, pendant la chaleur du jour, à l’ombre de notre amour : nos tendresses, comme des ailes, nous éventaient et la fraîcheur de nos respirations vaporisait des parfums.

La forêt pleine d’amour a dormi comme nous, car c’est en nos âmes qu’ont surgi ses verdures, ses oiseaux, ses branches tombantes, ses floraisons, ses murmures et la cime dominatrice de ses arbres radieux.

La forêt blonde est un corps plein d’amour : elle ne dort jamais qu’à demi et pendant notre sommeil,