Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/239

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— Déjà !

— S’il n’était pas si tard, je vous aurais offert une tasse de thé, dix minutes au coin du feu qui m’attend, mais vraiment…

— Oh ! je vous en prie !

— C’est que… non, ce n’est pas possible.

— Il ne fallait pas m’y faire penser, en ce cas ! dit Hubert d’un ton chagrin.

— Vous n’y pensiez pas ? Alors, remontez jusqu’à l’endroit où vous n’y pensiez pas, et vous rentrerez en paix.

— Cinq minutes, seulement cinq minutes !

— Soyez raisonnable, je vous attendrai demain.

— Seulement jusqu’à votre porte !

— Pourquoi faire, alors ? Allons, sonnez pour moi, s’il vous plaît.

Il obéit. La porte s’entr’ouvrit, elle lui tendit la main, puis lentement, avec des mouvements de lassitude ou de regret, elle franchit le seuil. Plus lentement encore, elle poussa la porte derrière elle et se reprit à deux fois avant de parvenir à la clore.

Au moment de l’inexorable fracas, Hubert éprouva une grande tristesse. Il demeura là, quelques secondes, sans pensée, puis brusquement, une bien illogique association d’idées lui fît revoir la presque nuptiale chambre de la « noire Marceline », et dans ce conte de hasard, il devinait maintenant, sans bien savoir pourquoi, des ironies prémonitoires. Enfin, il s’éloigna, songeant aux portes qui se ferment, aux portes qui se sont ouvertes et qui ne s’ouvrent plus.