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Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/268

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XXXIII.— UNE SOIRÉE DANS LE MONDE


« En résumé, la fête me paraissait un bal du fantômes. » VILLIERS DE L’ISLE-ADAM, L’Amour suprême.


Hubert se mêla volontiers aux dialogues, aux danses, aux médisances, aux mille sottises assez charmantes qui s’agitèrent de onze heures du soir à six heures du matin chez la comtesse Aubry.

Fleurs, musiques, égratignures et caresses vocales, épaules, diamants, chamarures, car la comtesse avait des relations dans la diplomatie étrangère.

Sixtine, augurale apparition, surgit dans le cliquetis d’une portière japonaise ; une de ses mains jouait avec les multicolores perles.

Elle s’avança ; derrière elle, Moscowitch, le regard attaché à ses pures épaules. De toute la tête, sa démesurée stature dominait la jeune femme ; il marchait dans ses pas, et Sixtine, chancelante, semblait une toute petite fille maintenue en lisière par un géant. Hubert, avec un salut d’une impertinente familiarité, passa entre eux et offrit à Sixtine son bras vers une chaise. Le Russe, résigné, gagna un groupe d’hommes d’où il surveillait les causeurs.

— Vous aviez l’air sous la tutelle de cet homme fort, j’ai voulu vous en délivrer.