Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/281

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Il était las, aussi las que Sixtine, de cette obscure passion. La nuit de leurs cœurs avait besoin vraiment de quelques éclairs. Depuis huit jours, elle se recueillait, mais comme une femme ou comme une fleur qui au montant de l’orage rapproche au-dessus des pistils sacrés ses tremblants pétales ; le danger passé, ils s’écartent d’eux-mêmes et reçoivent avec joie la fugitive caresse des pollens voyageurs.

« Autre réflexion moins métaphorique : le Russe a certainement fait de positives avances et dans ses plaintes le magique mot de mariage a dû, comme un écho, revenir et résonner. Magique, il le croit. Moi, je ne sais. Elle doit tenir à garder une certaine liberté d’allures et le personnel logis d’une femme déshabituée du partage de l’air ambiant. D’ailleurs, jamais je n’ai surpris, dans les sous-entendus de ses phrases, la moindre allusion à un désir matrimonial. Je ne crois pas qu’elle voulût clore d’un aussi banal épilogue, l’avenue indéfinie de nos rêves communs. Nous ne pouvons pas ériger cette barrière au milieu de notre vie, partager en doux adverbes, avant, après, la perspective de nos désirs, sphinx étages vers les horizontales profondeurs du ciel !

Eh ! je regrette que telle ne soit pas pierre où son pied a buté, car je comprendrais, du moins.

Enfin, elle n’avait qu’à me répondre. J’ai été, je pense assez précis et s’il fallait des actes plutôt que des paroles, ne me suis-je pas livré à des actes ?

Tentative assez malheureuse !…

Ah ! je suis las, aussi las qu’elle est lasse ! »

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