Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/297

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fois, tu fus plus clémente. Je t’en prie, parle-moi, fais-moi un sourire. Non ? Rien ? Ah ! que je suis abandonné ! Songe que je n’ai que toi. La ville blanche éparse à tes pieds divins, la mer bleue, ta sœur immortellement mourante, le firmament moins pur que ton âme inviolée, les roses qui sont le parfum de ta pensée très chaste, tout ce qui est charmant dans la nature, je l’aime comme une émanation de toi, comme un perpétuel mois de Marie Ah ! je te réciterai le rosaire de mes douleurs, et je me crucifierai à la fin pour te plaire ! Tu devrais au moins me savoir gré de ma réserve : quand tu es venue me voir, n’ai-je pas été convenable ? Pourtant, tu m’aimais ce jour-là, et si j’avais bien insisté, ô Vierge permanente ?…

Que tu es belle ! Ah ! beauté thaumaturge, beauté tabernaculaire ! Ah ! ce n’est pas en vain que l’Infini a résidé dans ton sein : ton sourire en est imprégné à jamais. Mais tu ne veux plus sourire…

Par pitié ! sois réconfortante, puisque c’est écrit dans tes antiennes. Vas-tu, maintenant, encourager le scepticisme ? Si tu es vraiment la consolatrice des affligés, prouve-le, car je suis plein d’affliction. Oui, je sens que c’est un raisonnement misérable : tu fais ce que tu veux et ta grâce auxiliatrice n’est dévolue qu’aux bonnes volontés. Je raisonne trop. Ce n’est pas ainsi que l’on touche le cœur d’une femme, ô femme entre toutes les femmes, n’est-ce pas ?

Avant de mourir, je voudrais, néanmoins, te rappeler encore ceci : « Souviens-toi qu’on ne t’a