Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

versatilité, que les architectures de la pensée ? Invincible, non puisque d’ailiers méprisants l’ont domptée C’est que je manque de méthode. Des entraînements spirituels me sont nécessaires. Il faudrait, d’abord, élémentaire précaution, poser à la porte des sens d’attentives sentinelles prêtes à croiser les armes contre toute sensation suspecte, à n’en admettre aucune que dénudée de son manteau de mensonge…

Ah ! je n’ai aucune lucidité et je m’ennuie. Nul remède, la crise nerveuse accomplira son cycle. Si j’allais à Nice les transpercer de mes ironies, cela serait assez distrayant, mais après ? Puis, la vulgarité de cette conduite serait répugnante et bonne à peine pour un quatrième acte : ensuite, la boîte de pistolets, le dénouement que la mort sauve à peine d’un ridicule aussi bourgeois que théâtral…

Lire cette lettre ? Je suis sûr qu’elle est pleine de choses qui ne m’intéressent plus… »

Il s’arrêta, frappa le sol d’un violent coup de talon :

« Honte ! Assez. Non, il n’y aura pour moi ni Circés, ni Dalilas. Ma tête dépasse d’une hauteur de tête les astuces et les luxures. Ceux qui tombent aux rets des faiseuses de pourceaux, ceux qui se font prendre aux pièges des élégantes châtreuses, — ceux-là remplissent leur destinée. La mienne est différente. Je ne serai lâche ni devant la douleur, ni devant le plaisir, ni devant l’ennui. Tu ne me feras pas souffrir au delà de ma volonté et ni toi, ni la pareille de toi ne me tentera à d’autres désobéissances. Quand bien même je serais dupe de mon orgueil, j’aime cela mieux encore que d’être dupe de ma sensivité, et je dédaignerai