Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/308

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Voyons, est-ce ma faute ? La fleur appartient à qui la cueille.

Je puis bien vous l’avouer, à cette heure. Obscurément, je vous aimai. Ah ! ça en dit long ! Mais vous n’avez projeté aucune lumière sur ce confus crépuscule. Oui, des tentatives, des essais, des à peu près, des presque, etc., de quoi faire un traité sur l’Indécision analytique, — et puis quoi ? Enfin, vous ne m’avez pas prise, vous !

Pourquoi je n’y ai pas mis de bonne volonté ? Ah ! ce n’est pas dans nos habitudes de femmes, et, je vous l’ai déjà dit, il me semble, je fus trop punie d’un premier choix pour en faire un second. Maintenant, c’est comme dans les romances : À la grâce de Dieu ! Et pas de responsabilité.

(J’avoue qu’il s’en est fallu de peu que notre intronisation ne s’accomplît, mais il y a des moments où deviennent féroces les pudeurs les plus raisonneuses. Voyons, vous vous êtes tenu tranquille jusqu’alors, ou presque, arrêté au premier signe, désarmé au premier geste et ce jour, vous insistez ! Ne dites pas que je vous encourageai, car vous n’ignorez pas (vous qui savez si bien les femmes) qu’il ne faut pas se fier à nos encouragements : ce sont des pièges, une manière de répétition, pour se rendre compte, hors du péril, comment cela se passerait un jour qu’on serait désarmée (prenez garde aux avances une autre fois et guettez si au coin des lèvres une raillerie ne s’est pas nichée) ; ce sont des manœuvres préparatoires, assez amusantes, car même à ce jeu d’enfants, nous sommes sûres de vaincre sans alternatives : si