Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/75

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ajoutant qu’il y avait une histoire, que M. de B… la connaissait…

Sixtine l’interrompit et prononça les paroles déjà entendues :

— « Si vous voulez, je vais vous la raconter, l’histoire de la chambre au portrait.»

Entragues eut un sursaut et pâlit. Ceci franchissait les bornes de la vraisemblance. Il répondit d’une voix faible :

— « Dites, je le veux bien. »

Sixtine commença :

HISTOIRE DE LA CHAMBRE AU PORTRAIT

— « C’est une tragique et assez singulière histoire…

Elle se tut, paraissant convoquer ses souvenirs, puis :

— « Non, décidément j’aime autant ne pas vous la raconter.

— « Oh ! je vous en prie, fit Entragues, pareil à un enfant qui ouvre déjà deux grands yeux curieux.

— « Non, plus tard, dans quelque temps, peut-être. Si vous me l’aviez demandée là-bas, avant ces vers, avant une coïncidence que je devine et qui me gêne ! Non, maintenant, je ne pourrais pas. Quand vous la saurez, vous comprendrez, et cette réticence même vous semblera si claire ! trop claire ! Ce serait étrange, étrange… On dit qu’elle n’a jamais menti… Eh bien, écoutez : « Le château de Rabodanges était