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Page:Gourmont - Un cœur virginal, 1907.djvu/242

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UN CŒUR VIRGINAL

— De « tendres baisers ». Il y avait beaucoup de cartes illustrées adressées à la même personne ; il y en avait beaucoup de signées du même nom ou d’une abréviation : H., Her., Herv. Je me risquai donc à en prendre une comme souvenir de ma visite. Et puis… et puis… Faut-il le dire, Mademoiselle ?

— Dites toujours. Rien ne peut plus me faire de mal.

— Eh bien, si je m’emparai malhonnêtement, peut-être, de cette image, c’est que je pensais à vous… je pensais que l’homme auquel vous veniez d’accorder votre main aimait une autre femme et lui avouait publiquement sa tendresse. Cela me parut mal, je souffrais pour vous, dont j’avais deviné les sentiments si délicats et si généreux… Oui, cela me fit de la peine et je me proposai, en dérobant la preuve d’une mauvaise action, de vous la faire connaître, si les circonstances me le permettaient.

— Mais c’est donc volontairement que vous avez laissé tomber votre portefeuille ?