Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/133

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votre désir secret, que notre vie, là-haut, ou plutôt là-bas, est fort différente de la vie des hommes. D’abord les dieux sont en très petit nombre, deux ou trois mille, tout au plus, hommes et femmes. Je dis hommes et femmes parce que nous ne sommes que cela, avec des facultés supérieures. Élevez de plusieurs puissances le génie de vos génies, et vous avez la valeur de ceux d’entre nous qui dominent les autres. Les moindres sont encore des dieux, c’est-à-dire que leur sensibilité, leur intelligence, leur force, leur beauté atteignent un degré que vous pouvez difficilement imaginer. Vos arts, vos sciences, vos passions les plus nobles sont chez nous des instincts ; aussi nous n’y attachons que peu d’importance. La longueur de notre vie a fini par nous apprendre l’inutilité de tout ce qui n’est pas sensation pure et notre principale industrie est la cul-