Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ÉLISE

Ainsi la réalité vous déçoit toujours. Comment faites-vous pour être heureux ?

MOI

Nous avons le désir.

J’avais parlé comme un homme, et non comme celui dont la maîtresse est une immortelle. Élise paraissait indifférente à l’obscure douleur qui assombrissait mes paroles.

Ma nature maintenant était double. Quand je pensais à mon maître, à Élise, aux heures passées dans ce jardin, je me sentais caressé et soulevé par de tièdes ondes de joie ; quand je considérais les choses de la terre, j’avais froid et j’étais triste.

Élise me quitta encore une fois pour aller