Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/191

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bord comme une onde d’harmonie le long de tout son corps, et celui qu’elle accepte la fait fondre voluptueusement comme de la neige attardée au soleil.

Ô neige qui as l’odeur des violettes, ô chair qui as le goût des figues !

J’ai mangé et j’ai bu, et maintenant j’écris l’éloge de ma volupté, parmi quelques souvenirs métaphysiques. Elle m’a conté de la vie qui se mène là-haut, ou là-bas, quelque chose de plus que mon maître. Elle m’a dit que la volupté parfaite était un bien trop commun chez les dieux pour exciter beaucoup leur reconnaissance. Ils se promènent sous les arbres du verger et ils cueillent les fruits dorés que leur poids incline à portée de la main. Plus vives et plus sensibles, les divines femelles éprouvent parfois quelque dépit de ne pouvoir nouer leurs bras sur le mâle vaincu ; et