Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/89

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sir. Il voulut connaître et il connut toutes les jouissances qui peuvent devenir des jouissances humaines ; il n’abusa de rien, mais il usa de tout dans sa vie harmonieuse.

Ce fut pendant les premières heures d’un de ces soirs heureux que nous trouvâmes, résultat de longues méditations et de longues discussions, le système des atomes. C’était un grand effort d’esprit, le plus grand qui se soit jamais produit parmi vous, et en dehors de vous. Concevoir le monde comme le produit d’une série de hasards, c’est-à-dire d’une série de faits ricochant à l’infini les uns sur les autres, c’est une conclusion à laquelle les plus nobles esprits de votre temps osent à peine s’arrêter, quoiqu’elle les séduise. Vingt siècles de platonisme ont tellement dérangé l’entendement des hommes que les vérités simples n’arrivent plus à s’y fixer. Cependant