Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/98

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rons à l’éternité de la matière coïncidant avec l’éternité de ce néant. Nous aurons ainsi l’être et le non-être. Mais le non-être étant parfaitement inconcevable, quoique nécessaire à l’existence de l’être, nous le laisserons de côté, et d’ailleurs qu’en ferions-nous ?

Je sais bien qu’un de vos savants a pu, dernièrement, parler avec une certaine logique de l’anéantissement final de la matière ; je ne crois pas que cette idée ait un sens réellement perceptible, ni pour les hommes ni pour les dieux. Ce qui est, est. Désagrégation, d’ailleurs, ne signifie pas destruction, mais changement. La figure des choses a changé et changera encore, mais l’essence même des choses est éternelle comme le hasard. Cet univers n’est qu’un des innombrables jeux du hasard, un des moments fortuits du mouvement éternel… Cela vous ennuie ?