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BALZAC CHEZ LUI.

Tous les éditeurs, de ce même côté de l’eau qui baignait autrefois les sinistres fondations de la tour de Nesle, regardaient avec des yeux d’envie la maison Gosselin, si rapidement enrichie par les romans de Walter Scott et quelques romans français. Il fallait donc s’attaquer à ce genre de publication à l’exclusion de tout autre. Là, se disaient-ils, est le succès immédiat, là est l’écoulement d’une édition entière en quelques jours, souvent en quelques heures ; là étaient les relations brillantes, riches d’avenir, avec la jeune école littéraire ; là était la familiarité de tous les instants avec la presse, dont l’action sur le public devenait de plus en plus formidable, si formidable et si régulière dans sa puissance, qu’un éditeur savait d’avance que tel article du Journal des Débats, par exemple, faisait vendre quinze cents exemplaires d’un ouvrage ; un article du Constitutionnel, huit cents exemplaires ; un article dans le Courrier français, quatre cents exemplaires ; un article dans les petits journaux en vogue, trois cents exemplaires. Il n’y avait presque jamais d’erreurs dans ces calculs. Que ces temps sont loin de nous !

Au nombre des fortes maisons de librairie qui se jetèrent avec ardeur dans la fabrication du roman, la maison Charles Béchet se montra une des premières