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BALZAC CHEZ LUI.

de ces femmes boucanées par le feu perpétuel de l’eau-de-vie, lorsqu’elles épelaient à haute voix les noms des chiens gravés sur leurs colliers, les adresses et les devises qui accompagnaient ces noms.

Comme ces noms étaient presque toujours choisis avec coquetterie, comme ces devises exprimaient un attachement délicat de l’animal pour son maître ou pour sa maîtresse, et que depuis longtemps tout sentiment fin relevant de l’intimité n’avait plus rien de commun avec ces femmes, véritables sauvages de la civilisation, Parisiennes de l’Océanie et de la mer du Sud, c’était un concert d’ironies et de moqueries quand elles lisaient, par exemple, sur les colliers qu’elles dénouaient : Je m’appelle miss Violette, et je demeure rue de Provence, no — Ou bien : Mon nom est Printemps, mon maître s’appelle le comte de…, rue de… — Ou bien : Ramenez Zulma à sa bonne petite maîtresse qui l’attend rue de… no — Tiens ! disait une sorcière à l’autre, emballe-moi miss Violette avec tous les caniches anglais. Sont-ils bêtes avec les noms qu’ils leur donnent. Où vont-ils donc les pêcher ? Tous les chiens devraient s’appeler Mouton et fournir douze livres de graisse.

— Ça se vend donc, la graisse de chien, de-