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BALZAC CHEZ LUI.

ments. Il n’y a pas de ça dans les mariages qu’il bénit… » Et avec son pied elle alla remuer le monceau de colliers qu’elle avait détachés du cou des chiens. La métaphore était parlante.

« Vous êtes donc heureuse en ménage ?

— La plus heureuse de la montagne de Belleville et des buttes Saint-Chaumont.

— Vous ne désirez rien, à ce compte, ô princesse fortunée ? votre mari, votre commerce de chiens, voilà le comble du bonheur pour vous ? »

Elle ôta de nouveau sa pipe de la bouche et but, avant de répondre, un autre petit verre.

« Oh ! non, répondit-elle ensuite : je rêve autre chose. »

Le mot rêver nous renversa. Comment ce mot, resté si poétique malgré ses longs services, était-il arrivé à ce bout du monde ? Grand mystère ! Il fallut l’accepter.

« Et que rêves-tu, puisque tu rêves ? lui demanda M. Brissot-Thivars en se mettant en travers de l’interrogatoire de Balzac, dont il ne soupçonnait pas toute l’habileté. Je gage que je le sais. Tu rêves une belle maison à toi dans la rue de la Paix.

— Non, je ne me coiffe pas de maison comme ça. J’aimerais mieux, d’abord, une campagne à Pantin.