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BALZAC CHEZ LUI.

nuits de suite chez nous, c’est celui qui vient de mourir… — Comme s’il ne fallait pas toujours avoir passé la nuit quelque part quand il nous arrive de mourir. Ces animaux-là sont très-bêtes, mais très-dangereux. C’était donc la première nuit qu’il passait chez vous ?

« — La première soirée, monsieur.

« — Soirée, soit. Une soirée prolongée. »

« — Nous avions eu très-froid, poursuivit la comtesse sans s’accrocher à l’impertinence de la réflexion, excessivement froid en venant des Italiens à mon hôtel de la rue Bellechasse, en sorte que, lorsque nous sommes arrivés chez moi, j’ai dit qu’on fît grand feu à la cheminée. Pendant que mes gens s’occupaient à remplir mes ordres, et que M. Karls… parcourait les journaux du soir assis sur un divan, je suis passée dans ma chambre pour quitter une partie de ma toilette et changer de chaussure ; je suis ensuite rentrée au salon, où j’ai sonné pour qu’on servît le thé. Cinq minutes après, on le servait et nous causions, M. Karls… et moi, auprès de la cheminée, où les domestiques, exagérant mes ordres, avaient mis du bois à incendier l’hôtel. Il y avait une heure que nous parlions de choses et d’autres, de la représentation des Italiens, de la pièce, des acteurs, lorsque M. de Karls…