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BALZAC CHEZ LUI.

portière, s’il nous voyait pénétrer dans l’intérieur, prendre le corps ?…


« — D’ailleurs, dis-je à mon agent, s’il ne dort pas, il faut qu’il dorme, » ce à quoi mon agent répondit : « — Oui, il faut qu’il dorme d’une manière ou d’une autre. — D’une autre ! diable ! non, » lui dis-je. Il est bon de vous dire, monsieur de Balzac, qu’il existe plusieurs procédés plus ou moins innocents pour provoquer le sommeil chez ceux que l’on a intérêt à dompter par d’autres moyens que celui de la force. Mais ce n’est pas sans danger. Les narcotiques violents, par exemple, amènent des léthargies trop profondes, et il s’ensuit alors des désordres graves, que nous ne savons plus comment écarter. Ajoutez que l’on ne peut y avoir recours dans toutes les circonstances données. Si le sujet ne s’y prête pas un peu, comment lui procurer le sommeil factice dont on a besoin ? On comprend que dans le mouvement, dans l’animation d’un déjeuner, on verse, sans être vu, un somnifère dans le vin ou dans le café ; rien n’est plus aisé, mais comment endormir un cocher assis sur son siège ? Et c’était le cas qui se présentait. Non, il fallait s’en remettre à la Providence pour faire que le cocher de la comtesse Hélène de B… ne fût pas