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BALZAC CHEZ LUI.

lui criai-je d’une voix de tromblon, double gredin ! n’entends-tu pas ces dames qui te disent depuis un quart d’heure de partir ?

« — Me voilà, me voilà ! répondit le cocher, se jetant sur les guides, me voilà ; où faut-il aller ?… Où faut-il conduire ?…

« — Mais chez vous, ivrogne, à votre hôtel, rue Bellechasse. »

« L’équipage partit comme un éclair. Le pavé se démolissait sous les pieds des chevaux. Quelques minutes après, on ne voyait plus rien, on n’entendait plus rien.

« Sans perte de temps, je conduisis l’inspecteur à l’endroit sombre où j’avais déposé le corps de M. de Karls, et, lui et moi, après l’avoir soulevé de terre en passant chacun de nous, un bras sous les siens, nous le plaçâmes debout, du moins autant que cela pouvait se faire. En réalité il n’était pas debout, nous le tenions suspendu entre nous deux et comme on s’y prendrait pour maintenir en équilibre un homme complétement ivre. Quoique mon agent fût d’une force presque égale à la mienne, à nous deux nous ne parvînmes qu’avec beaucoup d’efforts à l’empêcher de nous glisser, de fuir sous notre étreinte. C’est dans cette position peu commode que nous nous mîmes en