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BALZAC CHEZ LUI.

s’embarquera pas du tout, et vous aurez manqué sa capture par l’emploi idiot et burlesque de cette publicité intempérante.

— Il est de fait, dit à son tour Balzac, heureux de cet anathème d’occasion lancé contre les journaux, sa bête noire, il est de fait qu’il est fort inutile d’avoir une police secrète quand on permet aux journaux de tout dire, de tout divulguer, touchant les choses de la police ; inutile d’avoir des gendarmes qui ne peuvent parcourir que dix ou douze lieues par jour, quand les journaux s’insinuent partout à ras du sol, et de cabaret en cabaret, vont répandant la nouvelle comme l’eau se répand dans une inondation. C’est stupide ! Autant vaudrait faire imprimer à chaque renouvellement d’abonnements dans les journaux mêmes, au lieu de la formule ordinaire, celle-ci plus logique et plus complète : « — Messieurs les escrocs, filous, voleurs de toutes les catégories ; messieurs les repris de justice de tous les degrés, en suspicion et en rupture de ban, sont priés de renouveler leur abonnement s’ils ne veulent pas éprouver de retard dans l’envoi de cette feuille et de nombreux désagréments de la part de la justice, des mouvements de laquelle nous avons soin de les tenir au courant avec notre exactitude accoutumée. »